La caméra Mevo est une petite merveille technologique, puisqu’elle permet de diffuser en direct sur Facebook et YouTube Live, dans un petit boitier tout-en-un. Quand tout fonctionne bien, la qualité de diffusion dépasse celle d’un simple téléphone. Tout n’est pas rose par contre, la caméra accuse certains défauts : des défis pour certains, ou des irritants majeurs pour d’autres.
J’ai finalement décidé de terminer la rédaction de cet article, qui trainait depuis le début du printemps dans mes brouillons. D’autant plus que le temps passe, et ce que cette petite caméra tombera éventuellement en désuétude. Fait à noter, j’ai principalement utilisé la Mevo pour diffuser des sorties publiques et des lancements destinés à la presse. J’ai également eu la chance de réaliser des courtes entrevues en plan rapproché devant la caméra, et c’est dans ce contexte que je trouve que la Mevo est la plus utile.
Première utilisation
Ma première fois, c’est lors de la réalisation d’un Facebook Live du lancement du Plan d’action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées 2017-2022, pour le ministère de la Famille. J’ai de la chance pour cette première diffusion en direct d’avoir eu les conseils d’experts quelques journées avant le jour J.
Le montage était plutôt simple : la caméra Mevo posée sur un trépied au centre de la salle, et au poste de contrôle, un iPad Wi-Fi + LTE, une interface audio iRig Pro branchée sur une sortie auxiliaire des micros utilisés dans la salle.
La salle étant très fenestrée, le iPad n’au eu aucun problème à trouver du réseau LTE, afin de réaliser la diffusion en direct. La pile intégrée à la caméra permet d’utiliser la caméra pendant 1 h 30. C’est donc juste assez pour la diffusion d’une conférence de presse, mais pas beaucoup plus.
Mes expériences suivantes ont été plus hasardeuses : une fois, j’ai dû diffuser dans un amphithéâtre universitaire. Je suis parti avec deux balles au bâton :
- Les murs étaient extrêmement bétonnés, je n’ai donc pas pu réaliser la diffusion sur le réseau LTE.
- Pas possible d’utiliser le réseau Wi-Fi institutionnel, la Mevo ne détecte pas le iPad sur le réseau, et vice-versa.
Une autre fois, j’ai dû réaliser une diffusion en direct dans un gymnase d’école. De justesse, le signal a tenu tout au long de la conférence, mais c’était pas mal précaire.
Une histoire de succès
La petite caméra Mevo excelle lors de la réalisation de courtes entrevues vidéos. Le premier exemple : la diffusion d’échanges post-conférences, lors de la 2e conférence « Médias sociaux – Secteur public – Les affaires ». Voici quelques séquences tournées et diffusées sur la page Facebook de l’Observatoire des médias sociaux en relations publiques de l’Université Laval.
Dans le contexte du Web à Québec, édition 2018, j’ai également eu la chance de pouvoir réaliser quelques diffusions en direct sous la forme d’entrevues, avec l’équipe numérique du Secrétariat à la communication gouvernementale :
- Marie-Hélène Raymond, du Musée national des beaux-arts du Québec;
- Béatrice Farand, de la SAAQ;
- Jonathan Côté et Nicolas Chikhani d’Hydro-Québec.
Quelques ajouts absolument nécessaires
Afin de répondre aux diverses demandes et différents contextes, j’ai ajouté les éléments suivants à mon kit pour les diffusions en direct :
- Microphone de table : pour diffuser des discussions autour d’un groupe assis, à l’aide d’un seul microphone. Sinon, le micro doit être passé d’un interlocuteur à un autre, ce qui est un tantinet agaçant.
- Routeur LTE : pour augmenter les chances de succès des diffusions en direct, quand je dois opérer dans des situations difficiles. Travailler avec un routeur Wi-Fi dans lequel on ajoute une carte SIM, c’est extrêmement rassurant: j’ai dû diffuser plus d’une fois dans un gymnase ou une grande pièce avec une couverture réseau variable.
- Le Boost : c’est une batterie qui peut-être utile pour les diffusions plus longues. Le Boost ajoute également une connectique Internet (port RJ-45) et offre la possibilité de recharger un petit appareil à même l’imposante batterie de 11 800 mAh. Fait à noter, le Boost n’ajoute pas des fonctionnalités supplémentaires concernant le Wi-Fi.
Un conseil : procure-toi l’ensemble Mevo contenant la mallette de transport, le trépied et le Boost.
Le Mevo Plus Pro Bundle (était) un incontournable, juste pour l’énorme batterie du Boost. La prise RJ-45 est également un atout, mais c’est tannant de passer un fil entre ton routeur et la Mevo. Personnellement, je déroule seulement un fil si j’ai de la misère avec mon Wi-Fi, ou si je travaille dans un environnement surchargé d’appareils mobiles, par exemple, une conférence de presse avec 200 invités. L’ensemble n’est plus en vente, depuis le début du mois d’avril 2020. Les prix ont baissés cependant, sur les différentes composantes.
Le montage classique
Je m’installe à l’arrière de la salle, tout près de la technique, avec mon routeur et mon iPad. Je contrôle tout de là et je laisse la Mevo + Boost sur trépied, au centre de la salle. Idéalement, j’essaie d’approcher le plus possible la Mevo des interlocuteurs, afin que ceux-ci regardent de temps à autre la lentille, question d’être inclusifs avec les internautes.
Un petit studio de poche
L’application fournie permet de contrôler la caméra, sur un appareil iOS ou Android. Personnellement, je contrôle la caméra à l’aide d’un iPad Wi-Fi + LTE. Le logiciel fonctionne plutôt bien et permet quelques effets intéressants. Il est possible de définir des plans statistiques de réaliser des cuts rapides entre ceux-ci. Ou bien de réaliser des effets de zoom.
Le mode manuel est utile, puisqu’il permet d’ajuster la vitesse d’obturation, l’ouverture et l’ISO. Il est également possible d’ajuster la luminosité et le contraste. Enfin, il existe un mode automatique qui permet soit de suivre un visage, et d’ajuster le focus en continu sur celui-ci.
Enfin, et c’est non négligeable, le logiciel permet de travailler avec les diffusions en direct programmées à l’avance. La Mevo étant considérée comme un appareil « professionnel », il est donc possible de programmer ses diffusions à l’avance dans Facebook. Diffuser sur une publication programmée permet de démarrer la diffusion en direct avec une audience, en attente depuis quelques minutes.
La qualité de l’image
La Mevo propose un objectif grand-angle et un capteur UHD (4K). L’objectif grand-angle de 150 degrés permet donc un très faible dégagement entre les intervenants et la caméra. Petit point négatif, l’image peut sembler déformée, par moment.
Le capteur n’est pas très réactif en basse luminosité. Cependant, il est possible de corriger et ajuster différents paramètres, en utilisant le mode manuel.
Si la caméra n’est pas équipée d’un zoom optique, c’est la haute résolution du capteur qui permet de compenser cette faiblesse. Il est donc possible de réaliser un zoom numérique dans la diffusion, surtout si le Live est diffusé en 720p.
La bête noire de cette petite caméra : la connectique sans-fil
Pour diffuser correctement, la Mevo a besoin d’une connectique de 5 Mb/s en téléversement et en téléchargement. C’est le minimum. Et l’appareil de contrôle ne doit pas être situé trop loin de la caméra, pas bien bien plus loin que 50 pieds.
Utilisée seule, Mevo + iPad, dans un environnement public, il y a un fort risque de perdre la connexion, surtout s’ils y a de nombreux invités ou des éléments d’architecture contraignants.
Beaucoup d’invités signifie beaucoup de téléphones qui génèrent des interférences entre eux. L’autre point à vérifier, c’est la salle où se déroule la diffusion : quand l’endroit manque de fenêtre ou est entouré de béton, une cage de Faraday se forme naturellement et il devient très difficile pour l’appareil de contrôle de maintenir à la fois la connectique avec le réseau LTE et avec la Mevo.
Pour l’avoir utilisée dans diverses situations, j’ai parfois perdu la connexion réseau (LTE qui ne se rend pas à la caméra ou au iPad), et même parfois perdu la connexion entre le iPad et la Mevo (pour une raison ma foi obscure, puisque les deux sont liées par un réseau Wi-Fi).
Maintenant, je t’entends. Pourquoi ne pas se brancher sur le Wi-Fi de l’endroit visité? Parce que tous ces réseaux Wi-Fi, de salles polyvalentes, d’hôtels, d’organismes, d’universités et d’écoles sont souvent contraignants et très rigides. Ces réseaux sont configurés de telle sorte que la Mevo et l’iPad ont de la difficulté à se retrouver. Avec une connexion résidentielle, pas de problème.
Une piste de solution : devenir autonome et créer son propre réseau
Afin d’améliorer la connectique réseau, je recommande l’utilisation d’un routeur LTE, judicieusement installé près des fenêtres, où à un endroit qui capte très bien les réseaux mobiles. Le routeur crée ensuite son propre réseau Wi-Fi dédié, utilisable par l’iPad, la Mevo et au besoin, un ordinateur pour les courriels, etc.
Avec un routeur LTE, j’ai souvent réussi à obtenir des vitesses de 30 Mb/s en téléversement et téléchargement, sur le réseau de Rogers. À cette vitesse, je me sens pas mal plus confortable pour travailler, je n’ai donc pas l’impression d’être serré sur la bande passante.
Un son pas toujours à l’écoute
Afin d’obtenir une bonne qualité sonore, il est absolument nécessaire de capturer le son des micros de la salle vers l’appareil de contrôle. Capter directement le son du système de son à l’aide du microphone intégré de la Mevo, je ne le recommande surtout pas. Si l’image est un facteur important, la qualité sonore l’est encore plus. L’internaute peut tolérer une image pixelisée, mais aura beaucoup de difficulté à rester attentif devant un son médiocre.
Généralement, les techniciens peuvent offrir une sortie auxiliaire via un fil XRL. Une interface audio est donc nécessaire, pour convertir le signal XLR vers un signal numérique compréhensible par l’iPad. J’ai eu la chance de travailler avec un iRig Pro, mais je dois avouer manquer de recul par rapport aux produits des compétiteurs.
L’application Mevo ne gère pas toujours très bien l’interface audio. Dans mon cas, j’ai détecté un glitch en utilisant le iRig Pro. Dès que le tout est branché, que l’application est lancée et que la source sonore externe est détectée, tout fonctionne. Si au cours du montage le iRig est débranché du iPad, l’application Mevo plante. Il devient alors impossible de récupérer le signal audio dans la même diffusion. Il faut alors tout recommencer : interrompre le Live, tout débrancher, fermer l’application, et recommencer. Ou vivre avec le son du micro intégré sur la caméra.
La Mevo évolue dans un écosystème fermé
La caméra s’utilise seule, mais ne permettra pas l’ajout d’insertions graphiques ni d’ajouts sonores ou vidéos. Pas de panneaux d’introduction ou de conclusion non plus. Sans le logiciel, la caméra fournit donc un signal vidéo simple, sans fioriture.
La petite caméra seulement est compatible avec les logiciels de la société Livestream, qui offre une tarification exorbitante, payable mensuellement. La solution la moins dispendieuse débute à 75 $ USD par mois.
Pour ma part, j’aurais aimé pouvoir utiliser la caméra Mevo avec d’autres logiciels, comme le logiciel libre et open source le plus populaire du marché, que j’ai nommé Open Broadcaster Software (OBS). Ou avec une solution un peu plus dispendieuse, mais quand même abordable, Wirecast?
Le système idéal pour les diffusions en direct
Le Graal de la diffusion en direct, ça reste de filmer à l’aide d’une caméra professionnelle. Puis, convertir le signal à l’aide d’un boîtier d’acquisition SDI/HDMI vers USB ou Thunderbolt. Enfin, contrôler le tout avec un logiciel de montage, comme OBS. Pour le son, il suffit de récupérer le signal de la console, puis de réalisation l’acquisition avec une interface audio.
Avec plusieurs caméras, il devient plus économique de travailler avec un mélangeur vidéo, au lieu d’utiliser plusieurs boitiers d’acquisitions. Le mélangeur vidéo est optimisé pour le traitement des différentes sources, en temps réel, et offre une facilité d’utilisation incomparable.
Finalement, est-ce que je recommande la caméra Mevo?
Ça dépend vraiment de ton besoin. La Mevo est un appareil idéal pour déployer simplement et rapidement une solution mobile. À condition de diffuser dans un endroit où le réseau fonctionne et de ne pas se retrouver au beau milieu d’une foule.
J’ai donc un peu de difficulté à la recommander chaudement, sauf pour l’usage précis décrit plus haut.
Pour obtenir un plus de versatilité, je préfère donc l’utilisation d’un simple téléphone avec un stabilisateur. Ou la totale, soit la réalisation de la diffusion en direct à l’aide de caméras professionnelles.
La Mevo, c’est finalement un appareil qui propose une technologie pas tout à fait au point. C’est une caméra sympathique, expérimentale et aux fonctionnalités limitées.
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